Le Monpe
- leleurachel
- 20 févr.
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Le Kimono au XXe Siècle
Le kimono, symbole de la culture japonaise traditionnelle, a connu une transformation radicale au XXe siècle, influencé par les changements sociaux, économiques et technologiques. Bien que toujours ancré dans la tradition, il a subi des évolutions à la fois en termes de design et de symbolique, notamment en réponse à l’adoption croissante des vêtements occidentaux.
Du Kimono Traditionnel au Vêtement Occidental (Fin du XIXe - début du XXe siècle)
Au début de l'ère Meiji, les technologies importées d'Occident, comme les teintures chimiques et les métiers à tisser Jacquard, ont modifié la production de kimonos. Ce processus a engendré des variations dans le design du kimono, le rendant plus moderne tout en conservant son caractère traditionnel. Le concept même de kimono a été redéfini dans un contexte où il se distinguait désormais des vêtements occidentaux, un phénomène qui n’a cessé d’évoluer au fil du temps.
Années 1920-1930 : Transition vers les Vêtements Occidentaux
Les années 1920 ont vu un tournant majeur dans la mode japonaise, notamment après le grand tremblement de terre de Kantō en 1923. Cet événement a contribué à la popularisation des vêtements occidentaux en raison de leur coût plus bas et de leur praticité. Le kimono, souvent perçu comme encombrant et difficile à porter dans des situations urgentes, a été délaissé par une partie de la population, particulièrement par les femmes.
Un exemple frappant de cette transition est l’apparition de l’appappa, une robe d’intérieur inspirée des vêtements occidentaux. Facile à fabriquer, confortable et adaptée au climat japonais, l’appappa est devenue une alternative populaire au kimono, bien qu’elle ait été moquée pour son manque d’élégance. Toutefois, elle a joué un rôle essentiel dans l’adoption progressive des vêtements occidentaux dans les foyers japonais.
Le Kimono en Temps de Guerre (1930-1945)
Avec l’intensification des guerres dans les années 1930, le kimono est progressivement associé à l’indulgence et au luxe, devenant une cible pour la censure. Pendant la guerre du Pacifique, les autorités japonaises ont promu des vêtements plus utilitaires et en adéquation avec l’effort de guerre. Le kimono en soie et ses ornements ont été particulièrement critiqués pour leur coût élevé et leur fragilité, et étaient considérés comme un symbole d'inaction patriotique.
L’adoption du monpe (pantalon traditionnel pour femme) a marqué un tournant décisif dans l’évolution du vêtement féminin. Utilisé au départ comme tenue de travail dans les zones rurales, le monpe est devenu le vêtement de guerre par excellence, perçu comme plus pratique et adapté aux exigences physiques des femmes en période de guerre. Il est ainsi devenu un symbole de l’unité nationale et de l’effort collectif, tandis que le kimono, jugé trop fastidieux et trop coûteux, a été relégué au passé.
Impact de la Guerre sur les Connotations du Kimono
La guerre a transformé la perception du kimono, le qualifiant de vêtement incompatible avec les nouvelles réalités de la société japonaise en guerre. Bien que le kimono ait continué à être porté dans des contextes traditionnels ou cérémoniels, son image dans la vie quotidienne a été ternie par des associations négatives : coûteux, encombrant et inadapté aux situations de crise. Ce changement est illustré par l’interdiction du port du kimono en tant qu’élément de luxe et sa mise en retrait au profit de vêtements plus pratiques et fonctionnels, comme le monpe.
Le Monpe au Japon : Évolution et Symbolisme
I. Introduction au Monpe : Origines et évolution du vêtement
Le monpe, un pantalon traditionnel japonais, a connu des transformations au fil des siècles. À l’origine, il s’agissait d’un pantalon ample porté avec des kimonos ou des vêtements occidentaux. Ce vêtement s’est progressivement adapté aux besoins de la société japonaise à différentes époques, notamment durant les périodes de guerre et d’après-guerre.
Le Monpe à la fin du 19e et au début du 20e siècle
Pantalon de travail et vêtement pratique : Initialement, les monpe étaient utilisés comme pantalons de travail. Leur forme était parfois étroite au niveau des chevilles et amples au niveau des cuisses, facilitant le mouvement.
Les associations vestimentaires : Porté en combinaison avec des chemisiers occidentaux ou des kimonos, le monpe était perçu comme un vêtement hybride, permettant de s’adapter aux exigences pratiques tout en conservant une certaine esthétique traditionnelle.
Le Monpe comme une réponse à la censure sociale et politique
Adaptation à l’évolution des normes : Dans certains cas, des femmes portaient le monpe au-dessus de leur kimono pour répondre aux restrictions sociales, notamment la censure ou les attentes morales. Ce vêtement offrait un moyen de dissimuler la tenue traditionnelle tout en permettant de la retirer facilement dans des espaces privés.
II. Le Monpe pendant la Seconde Guerre mondiale : Un symbole patriotique
La montée en popularité du monpe pendant la Seconde Guerre mondiale reflète l’évolution de la symbolique du vêtement. Contrairement à la perception antérieure du monpe comme étant inapproprié, il est devenu un symbole de patriotisme et de préparation pour la guerre.
Critiques du Monpe avant 1943
Saitō Keizō (premier ministre) et la critique de l’inconvenance du monpe : Avant la guerre, des figures comme Saitō Keizō critiquaient le monpe comme étant impratique et inadéquat pour l'effort de guerre. Le vêtement était perçu comme une honte nationale, porté par-dessus un kimono et ne correspondant pas aux idéaux d'efficacité exigés par l'État en période de guerre.
Le Monpe en tant que vêtement de guerre
Uniformes des écolières et utilité pratique : En 1943, le gouvernement japonais ordonna que les écolières portent des monpe plutôt que des jupes, afin de favoriser la mobilité et la préparation aux risques aériens. Le monpe est ainsi devenu un symbole de préparation à l’effort de guerre, et son adoption fut célébrée à travers des poèmes et chansons patriotiques.
Symbolisme du monpe : Le monpe était perçu comme un moyen de se préparer au « front intérieur » et de faire preuve de frugalité. Cette transformation symbolique marqua une rupture avec l'ancienne image du kimono, considéré comme un luxe peu compatible avec les nécessités de la guerre.
III. L'après-guerre : Du Monpe à l’Occidentalisation et au Kimono comme symbole de luxe
Après la guerre, le monpe se retire progressivement de la vie quotidienne, tandis que les vêtements occidentaux prennent de plus en plus de place. Cependant, le monpe joue un rôle crucial dans la transition vers une mode plus occidentale.
Transition vers les vêtements occidentaux
Abandon du Monpe et adoption des vêtements occidentaux : Après la guerre, les femmes japonaises abandonnent le monpe pour adopter les vêtements occidentaux, comme les robes et les jupes. L’influence des États-Unis et de la démocratie occidentale se fait sentir, et le vêtement occidental devient synonyme de modernité et de progrès.
Le rôle du Monpe dans la transition : Bien que le monpe ait été abandonné après la guerre, il a joué un rôle de transition, facilitant le passage entre le kimono traditionnel et les vêtements occidentaux. Ce vêtement a agi comme un point de rupture dans l’évolution des codes vestimentaires au Japon.
Renouveau du Kimono dans les années 1950 et 1960
Le Kimono comme symbole de luxe : Bien que le kimono ait disparu de la vie quotidienne, il n’a pas complètement disparu. Dans les années 1950 et 1960, le kimono est devenu un symbole de luxe, souvent porté lors d’événements formels comme les mariages ou les cérémonies de remise de diplômes. Des kimonos de cinéma sont apparus dans les films, popularisant davantage ce vêtement parmi les classes populaires.
Le Kimono et la reconstruction de l’identité nationale : La période d’après-guerre voit un retour du kimono comme symbole de la tradition japonaise. Le vêtement est vu à la fois comme un élément de patrimoine culturel et un marqueur d'identité nationale, en particulier à travers des booms de mode autour des kimonos et des haoris courts.
IV. Le Kimono après les années 1970 : Une mode pour les occasions spéciales
À partir des années 1970, bien que le kimono ait disparu des usages quotidiens, il conserve une place importante dans la culture japonaise, surtout pour les cérémonies et événements marquants.
Le Kimono dans la culture contemporaine
L'éducation sur le port du kimono : Les écoles de kimono ont émergé pour enseigner aux jeunes générations comment porter correctement cet habit traditionnel, renforçant ainsi son image de compétence et de patrimoine culturel.
Les kimonos comme vêtements de cérémonie : Le kimono est devenu un vêtement réservé aux occasions spéciales : mariages, cérémonies de passage à l'âge adulte, et autres événements marquants. Il symbolise désormais l’appartenance à une culture raffinée et à une tradition préservée.
Le Kimono et le luxe post-guerre
Le kimono comme marqueur de statut social : À partir des années 1980, le kimono se transforme en un objet de luxe, porté par les élites et dans des événements ostentatoires. Le phénomène de la « bulle économique » a renforcé la perception du kimono comme un vêtement d’exception réservé à une élite.
Le marché du kimono de luxe : L'essor des mariages somptueux dans les années 1980, avec des kimonos coûteux, a également alimenté l'idée du kimono comme un luxe. Les jeunes générations peuvent vivre cette expérience à travers la location de kimonos pour des événements.
V. Conclusion : Le Kimono et son héritage culturel
Le kimono, à travers ses différentes évolutions, reflète l’histoire sociale, économique et culturelle du Japon. Du vêtement quotidien à un symbole de luxe et de patrimoine, il illustre les transitions profondes du Japon moderne. Bien que le kimono ait disparu de la vie quotidienne pour la majorité de la population, il conserve une place spéciale dans les cérémonies et dans l’imaginaire collectif japonais comme emblème de la tradition et de l’identité nationale.
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